dimanche 9 décembre 2018

This War of Mine Part 2


L’aube se lève sur de nouvelles craintes, mais il faut continuer à s’occuper. Nous nous sommes résolus à manger les rongeurs qui pullulent, ou tout autre petit animal qui passerait sous l’assommoir que nous venons d’installer. Nous avons aussi nettoyé notre collecteur pour récupérer encore de l’eau s’il pleut. Nous repartons en collecte dans l’Hôpital de Ville, dans lequel nous trouverons toujours plus de médicaments ou de bandages… s’il en reste… En effet, une épidémie a commencé à faire rage, partie d’un camp de civils que nous n’avons d’ailleurs jamais réussi à aider malgré leur demande. Nous n’avions tout simplement pas assez de nourriture pour en partager. Heureusement nous avions récupéré des médicaments lors d’une précédente collecte, mais il fait tellement froid que ça ne suffit pas à nous remettre complètement d’aplomb.
La collecte se passe bien, nous n’avons rencontré personne et c’est finalement tant mieux. Alcool pur, médicaments, produits chimiques et herbes médicinales dans le sac, nous prenons le chemin du retour. L’alcool pur que nous avons trouvé pourra nous être utile pour négocier quelque chose plus tard, car beaucoup noient encore leur mal-être dans l’alcool. Et cela permet d’oublier la faim. Nous ramenons quelques composants et un peu de bois, aussi, ainsi qu’une guitare cassée. S’en servira-t-on jamais ?
Au retour de la collecte, Cveta nous raconte qu’une bande de civils affamés a tenté de nous dérober nos réserves. Ils n’ont pas osé attaquer Cveta, armée d’un couteau, mais ils ont réussi à prendre un paquet de sucre et des cigarettes. Nous nous estimons heureux, car des rumeurs circulent faisant état de bandes organisées qui pillent les refuges des civils et tuent sans vergogne. Pour l’instant nous n’avons pas attiré trop de convoitises.


Aussitôt levés, nous cuisinons les animaux capturés durant la nuit. Notre assommoir s’est révélé efficace, et nous avons récupéré assez de viande pour se concocter un repas très décent à l’aide de notre poêle amélioré. Etait-ce un chat ? Peu importe. Tout le monde mange à sa faim, c’est assez rare pour être mentionné. Nous avons même pu constituer des réserves de viande séchée. Par contre nous sommes toujours malades, tout le monde tousse. Nous préparons notre piège et vérifions notre collecteur.
Cette nuit, seul Marko part en collecte, toujours dans l’hôpital. Anton doit dormir, il est épuisé par la privation de sommeil. Cveta monte encore la garde. Marko rapporte des légumes (probablement abandonnés là par quelqu’un qui ne viendra plus jamais les chercher), des cigarettes, des pièces d’armes et des douilles, entre autres. La ville est tapissée des restes de la guerre. Pour l’instant toutes ces pièces d’arme, ces douilles et ces munitions ne nous servent à rien d’autre que d’avoir un petit pécule pour commercer (la mort se vend bien) mais nous commençons aussi à nous dire qu’il faudra peut-être s’armer bientôt plus lourdement qu’avec nos couteaux, même si nous n’avons pas envie de devenir des prédateurs pour Sarajevo.
Justement, la nuit aura été dure. Des gangs violents et des voyous ont sillonné la ville cette nuit, comme si ils s’étaient organisés pour tout ratisser. Nous subissons deux attaques la même nuit. Heureusement Cveta a réussi à se défendre des uns et à se cacher des autres. Sinon elle serait morte à l’heure qu’il est. Nos barricades les ont un peu gênées, mais ils ont pillé très largement nos réserves. Toute notre nourriture a disparu. Notre pelle, aussi. Et bien sûr nos médicaments. C’est peut-être le pire, car nous sommes tous de plus en plus malades avec ce froid. A l’hôpital, Marko a assisté à une scène extraordinaire. Un barbier s’était installé dans une pièce du bâtiment pour prodiguer gentiment un peu de dignité aux civils. Marko, avec sa barbe et ses cheveux hirsutes, aurait bien eu besoin de passer entre ses mains. Mais il n’avait déjà plus le temps pour ça, et trop de choses à rapporter pour risquer de les poser dans un coin pendant que le barbier s’occupait de lui. Tant pis.


Le lendemain, la fatigue de nos activités nocturnes se fait sentir pour Marko et Cveta. Nous nous disons que fabriquer un lit pourrait être une bonne idée, nous avons mal partout à force de dormir à même le sol. On n’oublie pas si facilement des années de confort. Il se révèle tout de suite utile. Anton et Marko décident de faire une petite sieste, ce qui leur redonne immédiatement des forces. Avec un peu de chance et d’organisation nous pourrons éviter de prendre des nuits de repos entières. Nous avons aussi renforcé notre refuge en installant encore plus de barricades. Mais Cveta a besoin d’une bonne nuit de sommeil, surtout après ce qu’elle a traversé la nuit dernière. Elle a vu la mort de près. Heureusement jusque-là elle a pu piocher dans nos réserves de café pour tenir le coup.
Anton monte la garde cette nuit. Ce n’est pas fait pour nous rassurer, car sa blessure par balle n’a toujours pas cicatrisé. Damnés snipers ! Si d’aventure nous étions attaqué, il pourrait ne pas voir le jour se lever. Marko, revigoré par sa sieste, part encore courageusement en collecte. Nous avons trouvé un chemin par les égouts qui mènent presque en ligne droite à un entrepôt. Marko et Anton se mettent d’accord pour s’y retrouver à mi-chemin au petit matin pour ramener plus de ressources. Marko ramène de l’alcool frelaté, des légumes encore consommables, des composants en métal et du bois. Mais l’entrepôt était gardé et Marko a vite filé lorsqu’ils l’ont menacé de s’en prendre à lui s’il restait dans le coin. Il a rencontré un gamin qui cherchait son chien. L’instinct du pompier, sans doute, mais Marko est entré dans le tunnel étroit dans lequel le chien avait disparu. Marko l’a retrouvé. Il arrachait des lambeaux de chair d’un cadavre de femme en putréfaction. Comment était-elle arrivée ici ? Marko a manqué de vomir, heureusement il avait le ventre vide. Le chien n’a pas voulu laisser sa nourriture comme ça, il a mordu Marko qui tentait de le sortir de là. Avec un regard, le gamin l’a remercié et est reparti d’où il venait. Marko, lui, en sort avec le sentiment du devoir accompli et… une belle morsure. Le chien a planté ses dents profondément dans sa main, et la plaie montre déjà des signes d’infection… Le cadavre, probablement. Aider les autres n’est que rarement récompensé en temps de guerre.
Au contraire de la nuit précédente, Anton n’a vu personne. Il a même pu s’offrir le luxe de se souvenir des promesses qu’il a faites à ceux qui sont déjà partis. Il a promis de survivre ; et il a fait son possible jusque-là. Notre assommoir a heureusement fourni un peu de nourriture (contrairement à la nuit précédente), nous allons pouvoir cuisiner quelque chose au matin. L’eau ne manque toujours pas. 


Nous avons survécu quelques nuits de plus. Mais nous sommes tous très malades et nous manquons cruellement de médicaments. L’hôpital a en effet été bombardé et il n’y reste plus rien. Il va falloir commercer pour obtenir des médicaments ou la maladie aura raison de nous…

2 commentaires:

  1. Salut, toujours très prenant ce résumé. Attention, je crois que je commence à m'attacher à certains personnages...

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  2. Surtout pas malheureux, leur espérance de vie est limitée ;)...

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