TWOM est un jeu un peu à part.
Aujourd’hui la production ludique est assez touffue, voire pléthorique. Quelques
jeux se démarquent, mais peu d’entre eux abordent finalement de vrais sujets de
société ; ou s’appuient sur une réalité douloureuse. TWOM est clairement
de ceux-là. Dans TWOM, j’aurais du mal à dire qu’on est vraiment là pour se
divertir. On rigole rarement. Mais on calcule, évidemment, on survit (parfois),
et donc on s’amuse quand même. Mais l’essentiel est ailleurs. Dans une campagne
type, vous tentez en effet d’assurer la survie d’un groupe d’hommes et de
femmes pris au piège d’une guerre civile. Directement inspiré de la Guerre de
Yougoslavie, TWOM propose une expérience assez unique, et plutôt sérieuse pour
un jeu de plateaux (portage du jeu vidéo du même nom). Je ne vais pas m’appesantir
sur les règles, d’autres reviews existent déjà. Je me suis dit que proposer le récit d’une
campagne était le meilleur moyen de se représenter le jeu. Voilà donc celui
de notre campagne :
Cveta, Anton et Marin sont trois survivants que le hasard a
probablement réuni dans une demeure chancelante des faubourgs de Sarajevo.
Cveta était directrice d’école, Anton professeur de mathématiques et Marin
garagiste. Leur passé s’est perdu dans la brume de la guerre. Qu’est devenue
leur famille ? Comment se sont-ils rencontrés ? Peut-être Cveta et
Anton travaillaient-ils dans le même établissement ?
Quoi qu’il en soit, le
trio commence par essayer de nettoyer les gravats qui encombrent la maison. Ils
y glanent les quelques aliments qui peuvent encore se trouver sous les
décombres, du bois et des bouts de ferraille. Ils installent dès leur première
journée des planches sur les fenêtres pour limiter les inévitables intrusions.
Cela nécessite l’installation d’un atelier de fortune pour préparer les
planches ou bricoler ce qui peut l’être encore. Cette première journée est donc
essentiellement consacrée à se protéger, car les prédateurs se révèlent en
temps de guerre, nous en avons tous fait l’amère expérience. Une fois la nuit
tombée, nos survivants enfilent leurs vestes et préparent leur sac à dos dans l’espoir
de glaner des choses dans les ruines de la ville. Il faut se déplacer la nuit,
pour éviter les tirs de sniper. La première récolte n’est pas mauvaise et
surtout, nous n’avons rencontré personne. Il faut se méfier de tout le monde.
Cveta a gardé le refuge pendant l’absence d’Anton et Marin. Heureusement
personne n’a tenté de rentrer dans notre refuge, Cveta a même pu se laisser
aller à rêver à sa vie d’avant.
La deuxième journée est déjà plus difficile, la fatigue de la récolte
nocturne se faisant ressentir cruellement. Mais nos survivants font l’effort de
continuer à nettoyer le refuge. Il faut trouver de la nourriture, car même si nous
ne sommes pas encore affamés, nous savons que ça ne durera pas. De plus, l’Hiver
a fait une arrivée fracassante à l’extérieur. Heureusement, le calfatage de
notre refuge nous évite d’avoir trop froid.
Pour Marin, le garagiste, le poids de la réalité se fait de plus en
plus sentir. C’est bête mais prendre son café lui manque. Nous n’en avons pas.
Il se sent mal. Pourtant il essaye de noyer son mal-être en nous bricolant un
poêle rudimentaire. Justement, nous nous en servons pour cuisiner quelque chose
qui nous fera du bien. Mais il n’y en a pas pour tout le monde. Heureusement,
nous ne manquons par contre pas encore d’eau.
La deuxième nuit permet encore de récolter des choses. Il faut
repousser ses limites, se reposer maintenant pourrait nous mettre en grand
danger. Les yeux rougis, il faut encore aller hanter les ruines de la ville et
espérer rapporter quelque chose. Nous rencontrons des vagabonds mais nous ne
nous parlons pas. La récolte n’est pas énorme, mais nous pouvons rapporter de l’eau.
La soif, c’est peut-être le pire.
Puis, après un bref repos, il faut encore finir d’arranger le refuge,
même le ventre vide. Disposer d’eau potable est notre prochaine priorité. Nous
utilisons donc les vieilles gouttières pour bricoler de quoi récupérer les eaux
de pluie.
La nuit tombe. Anton a besoin de dormir, Marin décide de garder le
refuge. Il est d’humeur sombre. Cveta part seule cette fois. Elle n’est pas
très robuste et ne ramassera pas grand-chose. Du moins c’est ce que nous nous
disons en la laissant s’enfoncer dans la nuit. Nous nous trompons. Elle va
trouver pas mal de petites choses dans l’Hôpital de la Ville. Des bandages, des
médicaments, entre autres. Ca ne pèse pas grand-chose mais ça peut vous sauver
la vie, et ça vaut énormément au marché noir. En effet, le troc permet de
monnayer ce que l’on n’a pas. Il va en effet falloir rapidement trouver de la
nourriture, parce nous n’avons plus rien à manger et n’avons pas pu installer
de piège pour les petits animaux. Même des rats feraient l’affaire, mais nous n’avons
rien. Pire, Anton et Cveta sont maintenant seuls. Marin s’est suicidé au petit
matin, juste après avoir contemplé les premières lueurs de l’aube. Tout ça
était trop lourd pour lui. Comment le blâmer ? Et qui se souviendra de son
histoire ?... Nous parcourons les pages d’un journal trouvé dans les
ruines de l’hôpital. Des souvenirs de guerre, des scènes dures sont les derniers
témoins de vies disparues. Ce n’est pas forcément fait pour nous réconforter.
Il faut pourtant se ressaisir, continuer à croire que cette guerre s’arrêtera
un jour. Nous nous aventurons un peu à l’extérieur, au mépris des risques. Besoin
d’un bol d’air, sûrement. Comme un signe, quelqu’un cogne aux portes de notre
refuge. C’est un ancien pompier : Marko. Il est armé et aussi affamé. Par
quoi est-il passé pour échouer ici ? Il nous demande asile. Nous l’accueillons
bien volontiers, nous savons que la force réside dans le nombre. Nous lui
donnons les derniers légumes à notre disposition pour qu’il puisse oublier
juste un instant la faim qui le tenaille. Il se rend tout de suite utile. Il
améliore le poêle et nous pouvons récupérer de l’eau, car le colleteur d’eau
fonctionne.
Cette nuit-là, Cveta reste encore au refuge. Marko insiste pour sortir,
pour nous remercier. Anton et lui emportent du sucre et des bijoux trouvés précédemment
dans l’espoir que quelqu’un voudra bien troquer quelque chose. Des rumeurs font
état de snipers qui s’amusent avec leurs lunettes de visée nocturne dans les
rues de Sarajevo. Tant pis.
Malheureusement, Anton en est victime peu de temps
avant qu’une tempête de neige ne nous protège des tueurs. Il continue malgré tout. La blessure est grave mais nous avons des bandages au refuge. La récolte n’est pas extraordinaire cette
nuit-là mais nous avons rencontré des rebelles qui ont accepté de commercer
avec nous. Nous leur avons donné ce que nous avions et une guitare abîmée que
nous venions de trouver en échange d'une conserve et de quelques babioles, notamment des
produits chimiques que nous pensons utiliser pour capturer des rongeurs. La
conserve est aussitôt dévorée par Marko, au bord de l’épuisement. Juste avant
de quitter les lieux, nous croisons un enfant qui joue au ballon. Scène surréelle.
Il voudrait jouer avec nous mais nous n’avons déjà plus le temps, il faut
encore rentrer au refuge. Cveta n’a encore vu ni entendu personne cette nuit.
Nous avons de la chance. En 4 nuits, personne n’est encore venu tenter de tout
nous voler. Ça ne peut pas durer. D’autres épreuves sont à venir, nous en
sommes certains…
A suivre…
j'adore ce résumé, très vivant et qui met dans l'ambiance. On sentirait presque le vécu derrière. Peut être trop, comme tu le dis.
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