dimanche 2 décembre 2018

This War of Mine


TWOM est un jeu un peu à part. Aujourd’hui la production ludique est assez touffue, voire pléthorique. Quelques jeux se démarquent, mais peu d’entre eux abordent finalement de vrais sujets de société ; ou s’appuient sur une réalité douloureuse. TWOM est clairement de ceux-là. Dans TWOM, j’aurais du mal à dire qu’on est vraiment là pour se divertir. On rigole rarement. Mais on calcule, évidemment, on survit (parfois), et donc on s’amuse quand même. Mais l’essentiel est ailleurs. Dans une campagne type, vous tentez en effet d’assurer la survie d’un groupe d’hommes et de femmes pris au piège d’une guerre civile. Directement inspiré de la Guerre de Yougoslavie, TWOM propose une expérience assez unique, et plutôt sérieuse pour un jeu de plateaux (portage du jeu vidéo du même nom). Je ne vais pas m’appesantir sur les règles, d’autres reviews existent déjà. Je me suis dit que proposer le récit d’une campagne était le meilleur moyen de se représenter le jeu. Voilà donc celui de notre campagne :

Cveta, Anton et Marin sont trois survivants que le hasard a probablement réuni dans une demeure chancelante des faubourgs de Sarajevo. Cveta était directrice d’école, Anton professeur de mathématiques et Marin garagiste. Leur passé s’est perdu dans la brume de la guerre. Qu’est devenue leur famille ? Comment se sont-ils rencontrés ? Peut-être Cveta et Anton travaillaient-ils dans le même établissement ? 


Quoi qu’il en soit, le trio commence par essayer de nettoyer les gravats qui encombrent la maison. Ils y glanent les quelques aliments qui peuvent encore se trouver sous les décombres, du bois et des bouts de ferraille. Ils installent dès leur première journée des planches sur les fenêtres pour limiter les inévitables intrusions. Cela nécessite l’installation d’un atelier de fortune pour préparer les planches ou bricoler ce qui peut l’être encore. Cette première journée est donc essentiellement consacrée à se protéger, car les prédateurs se révèlent en temps de guerre, nous en avons tous fait l’amère expérience. Une fois la nuit tombée, nos survivants enfilent leurs vestes et préparent leur sac à dos dans l’espoir de glaner des choses dans les ruines de la ville. Il faut se déplacer la nuit, pour éviter les tirs de sniper. La première récolte n’est pas mauvaise et surtout, nous n’avons rencontré personne. Il faut se méfier de tout le monde. Cveta a gardé le refuge pendant l’absence d’Anton et Marin. Heureusement personne n’a tenté de rentrer dans notre refuge, Cveta a même pu se laisser aller à rêver à sa vie d’avant.

La deuxième journée est déjà plus difficile, la fatigue de la récolte nocturne se faisant ressentir cruellement. Mais nos survivants font l’effort de continuer à nettoyer le refuge. Il faut trouver de la nourriture, car même si nous ne sommes pas encore affamés, nous savons que ça ne durera pas. De plus, l’Hiver a fait une arrivée fracassante à l’extérieur. Heureusement, le calfatage de notre refuge nous évite d’avoir trop froid.
Pour Marin, le garagiste, le poids de la réalité se fait de plus en plus sentir. C’est bête mais prendre son café lui manque. Nous n’en avons pas. Il se sent mal. Pourtant il essaye de noyer son mal-être en nous bricolant un poêle rudimentaire. Justement, nous nous en servons pour cuisiner quelque chose qui nous fera du bien. Mais il n’y en a pas pour tout le monde. Heureusement, nous ne manquons par contre pas encore d’eau.

La deuxième nuit permet encore de récolter des choses. Il faut repousser ses limites, se reposer maintenant pourrait nous mettre en grand danger. Les yeux rougis, il faut encore aller hanter les ruines de la ville et espérer rapporter quelque chose. Nous rencontrons des vagabonds mais nous ne nous parlons pas. La récolte n’est pas énorme, mais nous pouvons rapporter de l’eau. La soif, c’est peut-être le pire.
Puis, après un bref repos, il faut encore finir d’arranger le refuge, même le ventre vide. Disposer d’eau potable est notre prochaine priorité. Nous utilisons donc les vieilles gouttières pour bricoler de quoi récupérer les eaux de pluie.
La nuit tombe. Anton a besoin de dormir, Marin décide de garder le refuge. Il est d’humeur sombre. Cveta part seule cette fois. Elle n’est pas très robuste et ne ramassera pas grand-chose. Du moins c’est ce que nous nous disons en la laissant s’enfoncer dans la nuit. Nous nous trompons. Elle va trouver pas mal de petites choses dans l’Hôpital de la Ville. Des bandages, des médicaments, entre autres. Ca ne pèse pas grand-chose mais ça peut vous sauver la vie, et ça vaut énormément au marché noir. En effet, le troc permet de monnayer ce que l’on n’a pas. Il va en effet falloir rapidement trouver de la nourriture, parce nous n’avons plus rien à manger et n’avons pas pu installer de piège pour les petits animaux. Même des rats feraient l’affaire, mais nous n’avons rien. Pire, Anton et Cveta sont maintenant seuls. Marin s’est suicidé au petit matin, juste après avoir contemplé les premières lueurs de l’aube. Tout ça était trop lourd pour lui. Comment le blâmer ? Et qui se souviendra de son histoire ?... Nous parcourons les pages d’un journal trouvé dans les ruines de l’hôpital. Des souvenirs de guerre, des scènes dures sont les derniers témoins de vies disparues. Ce n’est pas forcément fait pour nous réconforter.
Il faut pourtant se ressaisir, continuer à croire que cette guerre s’arrêtera un jour. Nous nous aventurons un peu à l’extérieur, au mépris des risques. Besoin d’un bol d’air, sûrement. Comme un signe, quelqu’un cogne aux portes de notre refuge. C’est un ancien pompier : Marko. Il est armé et aussi affamé. Par quoi est-il passé pour échouer ici ? Il nous demande asile. Nous l’accueillons bien volontiers, nous savons que la force réside dans le nombre. Nous lui donnons les derniers légumes à notre disposition pour qu’il puisse oublier juste un instant la faim qui le tenaille. Il se rend tout de suite utile. Il améliore le poêle et nous pouvons récupérer de l’eau, car le colleteur d’eau fonctionne.
Cette nuit-là, Cveta reste encore au refuge. Marko insiste pour sortir, pour nous remercier. Anton et lui emportent du sucre et des bijoux trouvés précédemment dans l’espoir que quelqu’un voudra bien troquer quelque chose. Des rumeurs font état de snipers qui s’amusent avec leurs lunettes de visée nocturne dans les rues de Sarajevo. Tant pis. 


Malheureusement, Anton en est victime peu de temps avant qu’une tempête de neige ne nous protège des tueurs. Il continue malgré tout. La blessure est grave mais nous avons des bandages au refuge. La récolte n’est pas extraordinaire cette nuit-là mais nous avons rencontré des rebelles qui ont accepté de commercer avec nous. Nous leur avons donné ce que nous avions et une guitare abîmée que nous venions de trouver en échange d'une conserve et de quelques babioles, notamment des produits chimiques que nous pensons utiliser pour capturer des rongeurs. La conserve est aussitôt dévorée par Marko, au bord de l’épuisement. Juste avant de quitter les lieux, nous croisons un enfant qui joue au ballon. Scène surréelle. Il voudrait jouer avec nous mais nous n’avons déjà plus le temps, il faut encore rentrer au refuge. Cveta n’a encore vu ni entendu personne cette nuit. Nous avons de la chance. En 4 nuits, personne n’est encore venu tenter de tout nous voler. Ça ne peut pas durer. D’autres épreuves sont à venir, nous en sommes certains…

A suivre…

1 commentaire:

  1. j'adore ce résumé, très vivant et qui met dans l'ambiance. On sentirait presque le vécu derrière. Peut être trop, comme tu le dis.

    RépondreSupprimer